Lorsque l’on regarde les photos d’Alexandre Morelli, la peinture n’est jamais très loin. Elle fait du moins partie des premières références qui nous traversent l’esprit. Que ce soit dans les vibrations impressionnistes de la série «Presbytie matinale» ou encore dans l’abstraction picturale de ses «Coins perdus», la question du procédé utilisé est souvent celle que l’on se pose en premier. Pourtant, tout dans son travail, n’est que photographie.
Car Alexandre Morelli ne se préoccupe pas d’atteindre la vraisemblance. S’éloigner du figuratif lui apparaît être un moyen d’affirmer une liberté, une écriture. Il photographie en étirant le temps et en jouant sur le cadrage. Chaque cliché doit produire une matière picturale qui l’éloigne de la représentation réaliste.
C’est dans l’oeil de celui qui regarde que nait le champ de l’émotion. Mais avant ça, l’oeil scanne, il scrute, il ajuste, il corrige, il «fait le point» pour trouver mécaniquement la netteté que les conventions lui ordonnent.
Mais l’image est trompeuse. Pour être lue, il lui faut convoquer d’autres ressorts, aller au-delà de ce que le regardeur connait déjà. «passé-présent», «peinture-photographie», «figuratif-abstraction», Alexandre Morelli fait se rencontrer le réel et l’imaginaire, précisément là où les frontières se chevauchent, et c'est au spectateur de recréer ses propres images.
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C'est en découvrant les autochromes du Musée Albert Kahn qu'Alexandre Morelli est saisi par la forme contemporaine de ces clichés anciens et par l'évocation temporelle qu'ils produisent sur lui. Il comprend alors la force documentaire de la photographie et décide de s’en servir comme moyen d’expression créatif.
En 2014, il expose pour la première fois, "Les gens Issy, sont nés là- bas"avec l'ambition de dresser la cartographie des origines des commerçants de sa rue.
2 ans plus tard, il s'éloigne du rendu ultra-réaliste des images actuelles et présente "Presbytie matinale" et "Coins perdus”, 2 projets photographiques picturaux. Jouant de la rivalité de la peinture et de la photographie, il réfléchit ces 2 séries d'images comme des trompe-l’œil : de quoi s'agit-il ? Des 2 médiums, quel est celui qui est proposé ? Depuis, il s'applique à faire se rencontrer le réel et l’imaginaire, précisément là où les frontières picturales se chevauchent.
Distinctions
En mai 2014, le Cercle des artistes de la ville de Paris, lui remet le prix de la photographie.
En mai 2017, sa photo "Métro Opéra" est retenue pour le concours "La ville dans toutes ses couleurs" organisé par la RATP et l’Agence Magnum Photos. Elle est exposée dans les gares et les stations de la RATP pendant plusieurs mois.
En novembre 2019, Lens culture lui décerne le Street Photography Awards 2019, Juror's Pick et expose "Presbytie matinale" à la Galerie Joseph